top of page
Photo du rédacteurGrand duc décontracté

Xavier Al Charif

Re-conversion de Xavier Al Charif
Re-conversion

Qui es-tu ?


Je m'appelle Xavier Al Charif.

Je suis né le 9 avril 1975 à Libramont City.

J'ai habité 27 ans à Saint-Hubert (avenue

Paul Poncelet n°134) avant de migrer sauva -

gement vers la région de Libin et ça fait 7 ans

que je vis à Redu.


Si je puis me permettre Xavier, à Saint-

Hubert, c'est assez commun, mais Al Sharif !

Vous ne deviez pas être nombreux ?


Nous étions six, Arabo-ardennais pur jus.

Maman est originaire de Marche.

Elle a trouvé du boulot à Saint-Hubert et

mon père bossait à Libramont.

Du coup, ils se sont installés à Saint-Hubert.



Des études?


Oh là là oui, des études. Je ne les compte plus.

J'ai fait 3 ans de transition « arts plastiques » à Bastogne en humanité avant de

partir à Bruxelles faire ce qu'on appelle maintenant un Master en communication

visuelle. A l'époque, c'était un diplôme artistique non-universitaire de type long.

Et oui, déjà en ce temps-là, on faisait dans la simplification administrative.


Les arts plastiques, pour faire court !


Pour faire court, mais de type long ! D'ailleurs, c'est de l'art visuel pour être précis.


Quelles sont tes activités ?


Je suis professionnellement coordinateur/animateur de l'ASBL

« Un œil et puis l'autre ».

Je suis tenancier de la boutique « Ouvrez l'œil » à Redu.

Je suis père de famille, à mi-temps et amoureux à temps plein.

Je suis éleveur de chien unique et j'ai une micro-ferme de trois poules.

En fait, j'avais bon espoir de toucher des primes Corona pour hébergeur

d'animaux, mais je ne rentre pas dans les cases.


Quelle est ta fonction au sein de la société ?


J'aimerais être « bougeur de lignes », et je fais tout pour, et « énerveur de pleine

conscience ».


Quelle est ta situation actuellement ?


Ben, la situation de l’ASBL est catastrophique.

La culture bénéficie d'un soutien hors norme comme nous n’en avons plus vu

depuis des lustres. Alors, nous attendons les primes et nous commençons à

désespérer.

Attention les primes, c'est un peu le piège. Parce que les primes passerelles

pour les indépendants, ils vont être taxés. Ils vont peut-être devoir rembourser

une partie. Je pense que ça va faire mal.

Mais nous, pour l'instant, c’est clair : aucune aide.

Apparemment, c'est sur la table.

Ca devrait être signé incessamment sous peu, mais nous ne savons pas trop quand. Et en attendant, l'ASBL est en train de couler gentiment avec des sursauts en fin de mois. Nous nous disons : « Chouette, c'est sauvé pour ce mois-ci ! ».

Mais, nous repartons dans l'incertitude pour le mois prochain.


Dirais-tu que ça coule gentiment dans l'indifférence générale ?


Oui, c'est ça ! Enfin, je dirais que ça coule gentiment.

Mais ce qui est frustrant, c'est que nous n’avons pas l'impression que c'est dans

l'indifférence générale, étant donné que la culture bénéficie d'un soutien

immodéré virtuel.

Sur les réseaux sociaux, c'est :

« On soutient la culture », « Still Standing for Culture », « Vive la culture »,

« En avant la culture »…

Mais c'est compliqué de soutenir un secteur qui n'a plus le droit de vivre.

Ceci dit, pendant la semaine de congé de Carnaval, j'ai ouvert la boutique

pendant 7 jours et j'avais bon espoir d'aider l'ASBL.

J'ai reçu quelques personnes venues soutenir la culture, clairement !

« On vient t'acheter un de tes collages, Xavier, parce qu'on veut soutenir

ta culture. On ne sait plus aller au concert, alors on met notre argent dans

un de tes collages ».

En fait, elle est là mon occupation de vie.

Je travaille 5 jours sur 7 pour l'ASBL et tous les jours où je ne travaille pas

pour elle, j'ouvre la boutique. Je fais des semaines de 12 jours sur 14.

Les rentrées de la boutique offrent des petites bulles d'air pour l'ASBL.

Mais c'est très aléatoire.


Au niveau financier?


Entre autre.


Et sur Redu, y a-t-il d'autres boutiques qui vont ouvrir ?

Je vois que ça se développe mais pas spécialement autour du livre !?...


Je ne sais pas ça. Je ne sais pas trop. Moi, j'aimerais bien proposer l'idée à tous les commerçants de créer un lien avec le livre.

Par exemple, à la pizzeria « Il Forno », je trouverais ça rigolo qu'ils aient une éta-

gère avec des livres sur la cuisine italienne, sur l'Italie. Et Tatiana, qui fait de la poterie à « L’atelier T’air », qu’elle ait une étagère avec des bouquins sur la pote- rie. Qu'est-ce que je sais !?...

En tout cas, dans chaque boutique où tu rentres qu’il y ait un lien avec le livre.

Sinon, je vais m’associer avec Alexandra Etienne qui va ouvrir prochainement une petite superette adjacente à ma boutique. Dès lors, les deux boutiques resteront ouvertes plus souvent. Et dans un an, nous projetons de déménager dans une au-

tre boutique un peu plus grande tout en restant sur Redu.


Revenons-en à toi. Quelques références littéraires, musicales ou même politiques !


Ouh là là, dans la politique, nous n’avons pas fini !

« De Wilfried Martens au Grand Jojo... » !

Non franchement, je n'ai aucune référence politique. En fait, je ne me retrouve pas dans leur échelonnage politique. De l'extrême gauche à l'extrême droite,

comme si nous devions nous situer sur une ligne. Nous devrions être bleu, rouge ou vert. C'est un système politique qui ne me convient pas.

Quand j'y réfléchis, j’me dis qu’on doit probablement me cataloguer « de gauche »

avec ma gueule, sauf que la gauche n'existe pas vraiment. Je suis fatalement gauchiste, je travaille socialement avec des gens. Forcément, je suis écologiste,

j'aime la nature et je respecte mon environnement. Et je suis un peu libéral, puis- que je dois faire tourner une ASBL. Je dois facturer, avoir des chiffres et faire de

la rentabilité.

Comment puis-je m 'identifier ? J'exclus les deux extrêmes, la gauche qui est un

peu débilisante et la droite qui est fortement débilisante. Tout ça ne me permet

pas d'avoir de référence politique.


Des références musicales alors ?


« De Charles Aznavour à Sandra Kim » évidemment !

Musical, en fait, c'est un spectre très large - j'écoute très peu ce qui passe à la ra- dio. Mon spectre musical va de la musique baroque au trash metal.

Je connais une personne qui

s'étonne que je n'écoute pas

Muse, par exemple. Ils n'ont pas besoin de moi. Ils sont déjà

assez écoutés.

Je suis beaucoup plus intéressé

de chercher des références alternatives, des groupes qu'on

n’entend pas, dont on ne parle pas. Plein de choses se font.

Je ne dis pas que Muse c'est de la merde. Je dis juste que Muse, ça ne m'intéresse pas. Il y a telle- ment de musiciens qui font de chouettes trucs, mais ils ne sont jamais mis au-devant de la scène. Alors, que tout le mon de écoute Muse. Ok, mais moi pas ! J'ai tendance à dire que je suis prêt à tout écouter, sauf Sardou !

Dé-lire de Xavier Al Charif
Dé-lire

Au niveau artistique visuel ?


C'est difficile de n'en dire qu'un. L'esprit Hara-Kiri, avec un zeste de Joachim Mogarra.

Le surréalisme, le dadaïsme. Et j'aime beaucoup David Levinthal.


Au travers des actions que tu mènes, que cherches-tu à transmettre, à faire passer ?

Tu disais que tu aimerais « bouger les lignes » ?


J'aimerais, comment dire, éveiller les consciences mais ça fait très pompeux.

Le sens du travail de l'ASBL « Un œil et puis l'autre », c'est d'amener une réflexion sociétale à travers l'image. Utiliser l'image comme un vecteur d'expression à part entière. Travailler l'image, ce n'est pas seulement occupationnel mais ça peut être aussi réflexif.

Cela permet de : pointer les déviances du monde ; interroger le regard que nous portons sur nous-mêmes ou sur la société ; ouvrir le débat ; amener des idées et donner la parole à tout à chacun, par un autre biais que la parole, justement.

Le fait d'être en nomade, ou créatif nomade, me permet justement d’aller à la ren- contre des gens et de donner un accès à la « Culture pour tous ». C'est plus simple pour moi de me déplacer avec mon matos jusqu’à Gouvy que de faire venir des groupes de Gouvy jusqu’à Redu. En Centre-Ardenne, il faut s'adapter au terrain pour continuer à exister et répondre à de gros problèmes de mobilité en région rurale.


Selon toi, quels sont les manquements pour que la société s'organise mieux ?


Au niveau de l'organisation, c'est pas trop mal. Mais c'est discutable.

Il manque un gros partage des richesses.

Il manque une grosse prise de conscience.

Dans un pays riche, il est impensable d'avoir des gens qui vivent sous le seuil de

pauvreté. Nous devrions vivre dans un monde qui n'est pas une chimère.


Ce qui me contrarie vraiment, ce sont les chimères que l'on nous vend.

Je ne vais pas me faire des amis, mais l'année dernière j'ai beaucoup travaillé sur

la convention internationale des Droits de l'homme, qui est un super texte rati- fié par plus de cent pays. Mais dans les faits, il y a très peu de mises en applica- tion. Tout le monde a droit à un logement décent.

Tout le monde est né « libres et égaux ». Tout le monde a droit à ceci ou cela... Ouais, chimère.


J'aimerais que la démocratie en soit une de démocratie.

A mes yeux, nous avons une pseudo-démocratie.

Pour moi, en Belgique, nous aurons un début de démocratie quand le vote blanc sera pris en considération. Ne pas tenir compte d'un certain pourcentage de la population, je trouve cela lamentable. Et après, le gouvernement se partage les voix, les dispatche comme ça l’arrange.

Vivement un pays sans immunité diplomatique ou politique.

La démocratie exigerait plus de justice sociale et fiscale.


Je voudrais vivre dans un monde où on ne divise pas pour mieux régner.

J'aimerais qu'on éduque les gens plutôt de les diviser. Mais c'est très utopiste. Qu'on arrête de payer des sommes monstres à quelques personnes

(qui sont certainement de gros crétins à mes yeux)

ou alors qu'on taxe ces personnes. J'ai pas de soucis avec ceux qui gagnent un million/mois, tant mieux pour eux. S’ils veulent rouler en Ferrari, c'est super !

Je les félicite de tous mes orteils. Mais alors, qu'ils payent le même pourcentage d’impôts que moi. Ils sont riches, super, mais qu'ils participent comme nous.


C'est un peu le message délivré par l'ASBL.

Amener des réflexions sur tous ces sujets : la migration, l'accueil de l'autre,

le partage.


J'aimerais que l'Europe arrête de balancer à la poubelle des tonnes de bouffe au lieu de la redistribuer.

J'aimerais... oui j'aimerais ! Mais je le répète, c'est très utopiste.


Je dirais que c'est « contre-courant » et je remarque que la majorité de la société

apprécie peu ce qui est contre-courant en ce moment.


Non ! On n’aime pas trop ce qui est « contre-courant ».

C’est vrai, j'aimerais tout cela, mais est-ce que nous l’atteindrons un jour !?

Je l'espère mais j’en doute.

Qu'est-ce qui va se passer après cette crise ? Comment dire...

Et bien, ça pue un peu quand même !

En même temps, je me dis que ça aurait été un chouette moyen pour relancer et revoir nos envies sociétales.

C'était le moment de réfléchir, je sais pas, à un revenu correct pour tout le mon- de, du boulot pour chacun. Arrêter de délocaliser, de produire des centaines de milliers de poulets dans des conditions de merde.

Que le monde soit un peu moins intégriste, tu vois ?!


J'aimerais vraiment qu'on prône une saine agriculture, une vraie, pas une espèce d'agriculture qui de nouveau est une chimère.

J'ai des cousins cultos. Quand tu les écoutes, tu es en droit de te poser des ques- tions. Je connais un agriculteur. Quand il va au magasin, il ne sait pas ce que c'est qu'un céleri. Pourtant il a étudié.


Et que fait-il cet agriculteur ?


Il élève des poules. Il en a des millliers. Et il fait du lait à crever quotidienne- ment. Ah oui, ça produit ! Il produit plus qu'il n’en faut.

Et tout ça, ça m'inquiète un peu. Cette espèce de nivellement par le bas. Parce

qu'on a beau dire, on est en plein dedans.


Moi, j'aimerais que les gens se remettent à cuisiner. Je souhaiterais qu'on impose

dans les écoles des cours de cuisine. Que les gens sachent cuisiner et qu'ils sachent

que cuisiner n'est pas une perte de temps. S’ils passaient plus de temps dans leur $

cuisine plutôt que sur les réseaux sociaux, ils se rendraient compte qu'ils ne per-

dent pas de temps à cuisiner.


Est-ce qu'il faut être inquiet face aux réseaux sociaux, cet acharnement à être

derrière des écrans qui finalement te bouffent tout ton temps ?


Quelque chose me chiffonne avec la théorie des écrans.

Il y a encore quelques années, Serge Tisseron et d’autres spécialistes mettaient

le « holà » sur les écrans : pas avant six ans ; pas trop avant machin et modérer

pour bidule.

Pourtant, je remarque qu’avec la crise du Corona, tout est sur écran.

La société stimule encore plus les écrans : « télé-travail », « télé-cours », « télé- course » ? Tout par les écrans, en fait !


Concentré d'humanité de Xavier Al Charif
Concentré d'humanité

Selon toi, quel secteur est le moins bien représenté au fédéral et lequel est sur repré-

senté ?


Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai l'impression que l'économie et la sécurité sont

fort bien représentées.

Alors, c'est peut-être moi qui me trompe, mais j'ai l'impression que les services

publics et la culture sont sous représentés.


Allez, trois dernières petites questions (pour s'amuser).


> 1ère question :

Si tu étais président du monde,

quelle serait la première mesure que tu prendrais ?


J’arrêterais illico la conquête spatiale (parce que finalement le bruit du vent

sur Mars, j'en ai pas grand-chose à caisser).

Je mettrais toute cette énergie et ces compétences humaines et tout ce pognon pour nourrir la Terre.

Fertilisons l'Afrique.

Apprenons aux gens à se nourrir.

Récupérons la Terre pour y vivre humblement.

Ce serait la première mesure.

Ou alors, ou alors, si j'étais président du monde, ce serait l'application stricto

senso de la déclaration universelle des Droits de l'homme.



> 2èùe question :

Un Trump en Belgique, c'est possible ?


Malheureusement oui (silence).

Est-ce qu'il n'est pas belge Trump ? (rires)


> 3ème question :

Un pronostic pour Macron ?


C'est juste, il y a celui-là aussi.

Et bien je pense qu'il va être réélu.

Nous allons encore nous retrouver à devoir choisir la peste noire ou l'autre.

Donc un pronostic pour le deuxième tour : Front National contre la Macronnie.

La Macronnie gagnera parce que choisir entre la peste et le choléra, prenons la

peste. C'est bien la peste !


Néo-agriculture de Xavier Al Charif
Néo-agriculture


Xavier Al Charif

Un œil et puis l’autre asbl

Rue de St-Hubert, 17a - 6900 Redu

alchaxa@gmail.com

0497/93.38.98




6 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout

Comments


bottom of page