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Les mémoires d'Alcide: la lettre « A »

Commençons donc par la lettre « A » avec quelques concepts qui ouvriront la réflexion du pédagogue qui sommeille en nous. Des réflexions qui pourront vous accompagner tout au long de cette saison en attendant le prochain numéro.


Alcide Tsalaï ?




Comme chaque membre de la famille Tsalaï,

Alcide avait un nom « civil » : Jean-Claude Loos.

Il avait aussi un rêve : inventer une école où l'enfant est au centre des démarches pédagogiques.


Fort de son expérience de plus de 25 ans de classes vertes, il a tenté, par sa fonction de directeur du département pédagogique d'une Haute école, de concrétiser ce rêve.


Confronté à la réalité de terrain et à l'énorme machinerie que représente l’Ecole, institution qui stagne trop souvent dans un modèle inadapté craignant de se poser les bonnes questions, Alcide a été découragé dans la tâche qu'il s'était donnée.


Toutefois, il a quand même réussi à accompagner des écoles à s’engager dans une démarche pédagogique scientifique et pratiquer « l’école du dehors ».


Ces deux axes étant pour lui particulièrement adaptés aux enfants et à leurs multiples compétences.


Art ou science :


La pédagogie, est-elle un art ou une science ?


Comme souvent dans le domaine des sciences humaines la réponse ne se trouve pas dans le blanc ou le noir, mais plutôt dans une certaine nuance de gris.

Certes la pédagogie s'appuie sur un ensemble de techniques et de règles, mais leur application relève de l'intuition de la création permanente.

Comprendre directement qu'un élève décroche de l'apprentissage, y poser un diagnostic spontané et adapté dans l’ici et maintenant relève du « grand art ».

Il en va de même pour ces leçons où tout roule comme sur du papier à musique... C'est donc que la leçon a été magistralement bien préparée avec une rigueur toute scientifique.

Science et art sont donc très proches.


La nuance à apporter se situe au niveau de l'émotion.

L'art provoque des émotions. La science, quant à elle, dans sa quête de rigueur, bannit toute émotion. Notons que dans le contexte pédagogique actuel, c'est plutôt la seconde voie qui l'emporte.


En effet, il s'agit de former des adultes compétents (Pourquoi ? Pour qui ? Pour quel projet de société ?) et non ressentant !

Les profils de sortie sont basés sur des acquis d'apprentissages terminaux, eux-mêmes déclinés en acquis d'apprentissages spécifiques et indicateurs.

C'est rigoureux, certes, mais où sera placé le goût de la lecture bien faite, la satisfaction de l'équation résolue, le plaisir à chercher des réponses ?


L'école avant d'être une question de technique scientifiquement éprouvée est d'abord une question de « beau ». Soyez beaux dans une classe, lumineux, resplendissants de bonheur. Les élèves vont vivre avec vous toute l'année. Offrez leur votre plaisir.

C'est le cas aussi pour le cadre, le local, l'école.

L'école est-elle un lieu où chacune et chacun prend plaisir à se trouver ? Cette question constitue l’un des piliers préventifs de la violence ou du harcèlement à l'école. Le bien-être et le vivre ensemble commencent par l'accueil.


En classe, faites de votre tableau une véritable œuvre. Pour y arriver, au début, il vous sera nécessaire de bien le préparer, car il s'agit d'un espace redoutable pour l'improvisation. Il en va de même pour les documents que vous réalisez et que les élèves vont relire et étudier. Qu'ils aient du plaisir à y plonger le nez.


Acteur social :


Voici une affirmation sans nuance.

L'enseignant doit prendre conscience du rôle énorme qu'il joue. Il est d'abord un acteur. Il agit, produit, influence, interprète, marque.




Certes, il n'est plus le seul auprès des élèves comme par le passé (exception faite de la famille et de la religion), il doit partager ses talents avec des parents surinformés, des médias, internet, les réseaux sociaux,… Cependant, il reste une charnière et un repère. Sa classe est une microsociété de l'avenir social, celui qu'il veut promouvoir.


L’enseignant, laisse-t-il de la place à l'expression des émotions ? A la gestion positive des conflits dépourvus de perdant et de vainqueur et offrant une belle occasion de s'écouter soi dans le désaccord ?

Ecoute-t-il l'autre et cherche-t-il des solutions créatives qui satisferont chacune des parties ?

Donne-t-il une place à l'échec, à l’erreur face à la pression de la réussite ?

Travaille-t-il en collaboration ou en compétition ?

Y a-t-il des bonnes et des mauvaises réponses ou juste plusieurs chemins possibles d'apprentissage en fonction des tempéraments de chaque individu ?


Attention aux forces de résistance, elles peuvent être violentes et pernicieuses.


Un enseignant qui ne cote pas ses élèves ou les cote tous de façon positive sera étonnement considéré comme « un mauvais enseignant » de la part des parents, de ses collègues voir même des élèves ; alors que celui-ci a tout à fait conscience de son rôle d'acteur social qu'il joue assumant et assurant une société plus juste et valorisante pour chacune et chacun.


N'oublions pas que fondamentalement nos représentants politiques financent un système scolaire visant à reproduire la société dont ces mêmes responsables politiques sont issus. Ils se méfient de l'école, car elle reste bien le terreau le plus fertile de l'évolution d'une société.


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