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Etienne Barras - Imprimeur


Etienne Barras et Samuel Laurant

Pour commencer, les formalités d'usage ! Qui es-tu ?


Etienne Barras.

J'habite rue des Charrettes à Paliseul, cette rue-ci, celle qui passe

devant l'imprimerie.


« Cette rue-ci », c'est pas très visible dans une gazette. Tu veux que je mette un plan ?


Nenni ! C'est déjà bon comme ça.


Où es-tu né ?


Je suis né à Paliseul.


Ah bon ? Mais il n'y a pas d'hôpital à Paliseul !?...


Tout à fait ! Je suis né à la maison ! Oui, à la maison.

Puis, j'ai été transféré à l'hôpital. Oh rien de grave juste une sténose du

pylore. C'est une petite malformation à l'entrée de l'estomac. C'est un anneau qui doit s'ouvrir et se fermer pour éviter la régurgitation. Et bien moi, il restait fermé.

C'est bénin, mais n'étant déjà pas trop vaillant à la naissance, il fallait le faire.


C'est évident ! Donc né à la maison mais quand ?


Je suis né à Paliseul en décembre 1959.


Nous laisserons à nos lecteurs le loisir de calculer ton âge.

Tu as toujours vécu à Paliseul ?


Toujours, toujours ! Et toujours heureux d'y être. Même si, des fois, il y a

des histoires qui ne vont pas. Mais ça, c'est souvent politique !


C'est le lot de chacun. Nous en reparlerons sans doute plus tard.

Toi qui es ici depuis un petit moment, comment vois-tu l'évolution du

village ?


Le village a bien évolué.


Par exemple, en 1966 ou 1967, un premier Syndicat d'Initiative s'est créé sous l'impulsion de jeunes commerçants, dont mon père. Ils l'ont créé pour soutenir la création d'un Centre Sportif ici à Paliseul.

Nous sommes en 2021 et il n'y a toujours pas de Centre Sportif.

Il y a pas mal de projets qui ont été proposés mais aucun n'a abouti. Et aujourd'hui, Paliseul n'évolue plus.


Depuis 20 ou 25 ans, nous avons laissé passer pas mal de choses.

Nous aurions pu avoir le « contrôle technique » à Paliseul, mais nous

avons laissé tomber.

Nous avions les « Eaux et Forêts ». Nous l'avons laissé partir à Bouillon.

Nous avons laissé passer beaucoup trop d’opportunités et maintenant, Paliseul devient un dortoir. Il y a de plus en plus de maisons où les gens qui y habitent vont travailler au Luxembourg ou un peu partout et ils reviennent dormir à Paliseul.

Aujourd'hui, Paliseul n'évolue plus !


Quelle est ton activité à Paliseul ?


J'y suis imprimeur depuis 1980.

Diplômé en 1978, j'ai travaillé comme ouvrier à partir de 1979. J'ai fait mon service militaire en 1980. Puis, je me suis installé dans ce bâtiment en 1981, où je suis toujours.

C'est toi qui a construit l'imprimerie où nous nous trouvons ?


C'est papa qui l’a construite. Il était imprimeur avant moi. Il a installé

l'imprimerie à Paliseul en 1953.

Maman tenait une librairie et papa avait installé l’imprimerie derrière

celle-ci.

Quand je suis arrivé avec de nouvelles techniques, l'atelier de papa est

devenu trop petit. Alors il a décidé de construire un bâtiment un peu

plus confortable et nous y voilà !


Et ça marche bien imprimeur ?


Malgré de gros bouleversements dans les années 2000 où je me suis

adapté, je dois dire que ça a toujours bien fonctionné.

Mais depuis le covid… je ne dois pas t'expliquer !


Et après le covid ?


Je pense que ça va redémarrer, oui.


Je sais que tu aimes le sport. Alors, pour toi, c'est quoi une vie saine ?


Travailler correctement. Manger correctement...

Après une journée de travail, tu te permets des loisirs. Cela peut-être du sport, du théâtre, du cinéma, etc...

Une vie saine, c'est hacher ta journée avec des choses qui te sont

nécessaires.

Il faut que tu travailles, que tu te reposes, que tu te cultives. Enfin, c'est mon avis !


Comment définirais-tu l'amitié ?


L'amitié qu'est-ce que c'est ?

Je dirais que c'est un rapport correct que tu as avec une personne, qui peut être de sexe différent, et qui pourrait éventuellement te

rendre la monnaie de ta pièce quand tu es dans le besoin.

L'amitié, c'est aller vers quelqu'un pour avoir un conseil, une aide.

Au-delà du simple : « Prends ta pelle et viens m'aider à faire mes

travaux !», c'est établir une relation de confiance avec une personne

sur qui tu peux compter et qui compte pour toi.

C'est un rapport non financier et sans calcul.

C'est un rapport sans compter... Tu vois ce que je veux dire ?


Une relation non monétaire, cela devient tellement rare !


Oui, la gratuité est devenue impossible.

Plus personne n'irait travailler pour le voisin pour zéro balle.

Tu viens m'aider, je viens t'aider, sans rien demander.

Le plus important dans l'amitié, c'est la réciprocité. D'ailleurs, j'ai un dicton gravé sur une médaille qui dit : « La gratuité est à l'amitié ce que l'écrin est au bijou. ». C'est une phrase que j'ai toujours adorée. C'est profond !


Sans transition…

Quel est ton point de vue sur l'humanité à l'heure actuelle ?


Je pense qu'il y a énormément de bonnes personnes sur terre.

Mais la vie étant compliquée, l'individu n'est plus si disponible parce que chacun tire un peu de son côté, le fric à l'appui.

De ce fait, pour moi, l'humain n'est plus bon. Il n'est plus ce qu'il était. Il n'offre plus ses services.

L'Homme n'est plus si humain qu'il l'était.


L'humain deviendrait une machine ?


Oui, tout à fait !

L'humain n'est plus capable de gérer. Il doit penser aux machines parce qu'il doit se faire aider.

Pourtant, ça ne devrait pas l'empêcher de prendre du temps dans son jardin ou dans son potager, aller voir son voisin, voir sa famille, aller promener le chien, s'occuper de-ci et de-là.

C'est comme je disais tantôt, hacher ses journées en faisant ce dont nous avons besoin. Je pense que nous pouvons vivre avec la machine tout en restant humain.


Maintenant, nous sommes dans l'exagération.

Pour avoir une belle pelouse, il y en a qui laisse le robot tondeur tourner toute la journée. C'est débile !

Alors que tu peux savoir combien de temps met le robot pour tondre la pelouse, disons entre six et huit heures, tu pourrais le programmer pour qu’il tonde deux jours/semaine, par exemple, et puis c'est bon. Et bien non, le robot tond le lundi, le mardi, le mercredi, le jeudi, le vendredi... Il tond tout le temps. C'est débile !


Tu es né en 1959, autant dire que la société a bien changé depuis.

Selon toi, ce changement radical s'est opéré quand ?


Il y a 15 ou 20 ans. Depuis l'an 2000 en sorte. Le changement a été

« énormissime » dans les années 2000.


J'ai vu un reportage sur le McIntosh, l'ordinateur. Il est en activité

depuis le milieu des années '80. Au début, il avait une espérance de vie

de 6 à 8 ans. Aujourd'hui, elle est de 2 ans et bien que la machine fonc-

tionne encore très bien, les programmes qu'elle doit installer sont trop

lourds.

Les smartphones, c'est pareil ! Ils ne peuvent plus supporter les nouvel-

les applications.


Et que s'est-il passé avec les agriculteurs ?

Depuis plusieurs années, ils achetaient des tracteurs de plus en plus

Gros. J'étais enragé !

Je leur disais : « Vous crevez la dalle et vous achetez tout le temps de

nouveaux tracteurs, toujours plus gros. ».

Ils me répondaient : « C'est pas notre faute ! ».

Mais si ! Nous n'avons quand même pas d'énormes superficies à charruer par ici ! Nous ne sommes pas en Amérique quand même !

Puis, j'ai appris que c'étaient les machines qui devaient s'adapter au cul

du tracteur qui étaient trop grosses. Les tracteurs vont très bien. Par

contre, les machines qui sont vendues ne conviennent plus. Il faut donc

acheter de nouveaux tracteurs.


J'ai vu mes grands-parents nourrir une famille de six avec douze vaches.

Aujourd'hui , il y a des fermes de 400 vaches et les cultivateurs n'arrê-

tent jamais. Il faudrait revenir un peu plus « terre à terre », revenir à

une échelle plus humaine.


Parfois, je me dis que nous sommes trop nombreux sur terre.

Quand tu vois que nous consommons en quelques mois ce que la terre

peut nourrir en un an. Bien que les compteurs soient remis à zéro en

janvier, en septembre le monde entier a déjà consommé ce que la terre

pouvait produire en un an.


Et toujours sans transition…

Quand je suis venu faire ta Vision Intérieure Fulgurante pour le numéro 1 de la Gazette, tu m'as dit d'entrée de jeu : « Si tu me demandes comment ils ont géré la crise, je te répondrai : Comme des cons ! ».

Restes-tu sur ta position ?


Certainement ! Pour la simple et bonne raison que les scientifiques ont

fait leur travail. Mais lorsque les porte-paroles annoncent les nouvelles

conditions, j'ai vraiment l'impression que c'est une dictée que le gouver-

nement leur a imposée. Comme ce sont des porte-paroles scientifiques, la population les croit même si ce qu'ils disent n'est pas ce qu'ils pen-

sent. Donc oui, ils ont géré ça comme des cons !


Passons maintenant à nos 3 questions délicates.

Est-ce que voter a un encore un sens ?


Voter a un sens, mais la voix du peuple n'est pas écoutée.

Tu votes pour une personne et c'est une autre qui passe.

Les règles sont très très mal faites à tout niveau : fédéral, communal,

législatif...

Je pense que si nous écoutions la voix du citoyen qui vote, nous serions

dirigés autrement et pour moi, nous serions mieux dirigés.


Au final, qui nous dirige ?


Ce n'est pas le politique ou très peu. C'est le business qui dirige tout.

Le politique devrait s'occuper de choses pour le bien du peuple, mais il

se fait conseiller par le financier, les lobbies, par beaucoup de choses,

très certainement parce que ces gens-là ont probablement des intérêts

cachés. Le fric attire le fric !


2. Sommes-nous toujours en démocratie ?


Non, plus du tout. Nous ne sommes pas en démocratie. Nous n'y sommes

plus parce qu’On t'oblige à… ; On te manipule.

La démocratie est bafouée. Obliger les gens sans leur demander leur

avis, ce n'est plus une démocratie.


3. Quel est ton point de vue sur LES religions ?


Je pense que la religion... Rooh ! Pas facile ça !

Je respecte toutes les religions : catholique, musulmane, protestante et

tout le bazar. Je les respecte dans leur ensemble. Mais comment justifier

que les religions servent à quelque chose, c'est compliqué d'apporter une

réponse à ça ! Je dirais que c’est un piège !

Les religions sont souvent un piège, car il n'y a pas vraiment de réponse

toute faite,. Au final, elles nous sont imposées en quelque sorte.


Tu sais, la religion, pour certains, c'est une béquille, une aide.

Pour moi, elles sont toutes bonnes. Elles ont leurs points forts et leurs

points faibles. Elles sont nécessaires, car certains se reposent sur leur

religion. Pour d’autres, à la moindre catastrophe chez-eux, ils se rac-

crochent à une religion peu importe laquelle.

Tu sais, il y a plusieurs personnes, je l'ai déjà entendu plusieurs fois,

qui ne pratiquent aucune religion.

Pourtant, quand nous sommes désœuvrés, désemparés ; quand nous

subissons un choc émotionnel ou moral, nous avons besoin de spiri-

tuel et parfois nous nous raccrochons à la religion.


Personnellement, j'aime beaucoup la croyance celtique, parce que c'est croire en la nature. Le retour aux sources, les arbres...


Ah oui ! Mais tu sais, la nature aura raison, car elle est plus forte que

nous. Elle se rebelle par le feu, les sécheresses, par beaucoup de cho-

ses. Elle peut à tout moment exploser.


Et là, nous pourrons prier tous les dieux de la terre, il sera trop tard.


Absolument!


Avant de nous quitter, souhaites-tu ajouter quelque chose ?


Non, tout est dit ! Tout est dit !


Etienne Barras dans l'imprimerie à Paliseul

Etienne Barras

Imprimeur

Rue des Charrettes, 4 - 6850 Paliseul

061/53.50.27 imp.etiennebarras@gmail.com

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