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Photo du rédacteurGrand duc décontracté

La Chiquetterie Emily Van Wesemael


la Chiquetterie à Nafraiture

Nous allons commencer par les formalités d'usage : qui es-tu, où, quand, comment, en vertu de quoi... ?!


Oh vindjeu ! C'est beaucoup ça !

Je suis Emily Van Wesemael. Je suis née le 27 janvier 1982 à Termonde. Je suis donc d'origine flamande, même si j’ai toujours vécu en Ardenne. J'aime dire que : « J'ai les racines flamandes et le coeur ardennais ». Tout vient d'ici ! L'éducation que j’ai reçue est d'ici. Les premiers amours sont d'ici. Les premières sorties sont d'ici. Les amis aussi.

Mon coeur est donc ardennais et je suis très contente comme cela.


Je dois reconnaître que tu n'as pas trop l'accent flamand.


En même temps, ça, les lecteurs ne pourront pas l'entendre. (rires)


C'est juste ! Es-tu bilingue ?


Je suis polyglotte. Je parle cinq langues : allemand, néerlandais,

français, anglais et italien. Enfin, comme il n'y a pas beaucoup d'Italiens qui passent par ici, mon italien ne doit plus ressembler à grand chose.

En tout cas, avec le temps, je ne voudrais plus quitter ce lieu formidable et merveilleux, avec plein de gens très chaleureux et très ardennais

aussi, donc têtus. Et c'est ce qui fait tout le charme !


Et ce lieu en question, où se situe-t-il ?


Ce lieu, c'est La Chiquetterie ! Il se situe sur la commune de Vresse-sur-

Semois dans le village de Nafraiture, bien que nous soyons très à l'écart du village.

Nous sommes sur une montagne (rires) à 398 mètres d'altitude environ. Pour la région, nous sommes quand même super haut et moi, j'aime bien être sur ma petite montagne. Cela fera 40 ans, en janvier, que je vis ici.


Vous êtes un peu à la croisée des chemins ! D'ailleurs cette maison, ou ce bâtiment, au vu de son emplacement doit avoir une histoire ?!...


Oui, cette maison a été construite en 1865 par Monsieur Michel, qui a eu aussi beaucoup d'enfants, comme mon père ! Il fabriquait une liqueur clandestine comme nous. Enfin, nous c'est plus très clandestin, « l'Elixir de Vresse », ça fait 30 ans que nous le produisons.

Alors ce Monsieur Michel était louageur de voitures, chevaux et

calèches. Il assurait la malle postale de Dinant à Charleville-Mézières en France.

Après lui, il y a eu d'autres propriétaires jusqu'à ce que mon père

rachète ce bâtiment, il y a 40 ans. Il avait cherché en France, en Espagne sans trouver ce qu'il cherchait. C'est-à-dire un lieu où créer un jardin de plantes médicinales.

Il a débarqué ici et il est tombé amoureux de la maison qui n'avait ni eau, ni électricité. En même temps, il y avait du terrain : un hectare de terrain et des forêts !

Aujourd’hui, nous avons presque deux hectares : un hectare pour les plantes et un hectare pour l'élevage de chèvres.


Nous y voilà !

Les activités de La Chiquetterie sont les plantes et les chèvres ?!


Oui, cela fait 35 ans que nous transformons les plantes médicinales qui poussent autour de nous et dans notre jardin pour soigner les gens

autrement. Tel était le but de mon papa !

À la base, une de mes sœurs – nous sommes 7 enfants - faisait des crises d'épilepsie chaque semaine suite à un vaccin reçu quand elle était bébé. Elle allait tout le temps à l'hôpital. C'était l'enfer ! Alors, mon père a dit qu'il fallait arrêter de lui donner des médicaments. Cela était inutile. Alors, il est allé en Hollande pour se procurer du Gui de chêne.

Il n'a acheté qu'une seule fiole et ma sœur n'a plus jamais fait de crises d’épilepsie. Pour mon père, c'était miraculeux et c'est à ce moment-là qu’il s'est intéressé plus profondément aux plantes médicinales.

Ayant grandi dans un couvent situé à côté d'un hôpital à Alost, il a pu observer les bonnes sœurs qui soignaient les patients du dit hôpital avec des plantes qui poussaient au couvent. C'est comme cela qu'il a eu ses premières approches avec les plantes. Et elles l'ont souvent aidé par après !

Tout cela à fait qu'il a décidé d'apprendre aux gens comment se soigner autrement. Il a créé ce jardin de plantes médicinales qui est ici depuis 40 ans. D'ailleurs, il a le même âge que moi, le jardin. (rires)


Jardin de la Chiquetterie

Y a-t-il beaucoup de plantes dans ce jardin ?


Entre 850 et 950 plantes. Nous allons essayer de les cartographier car il est temps ! Mon père aura bientôt 83 ans et ce serait catastrophique de perdre ses connaissances.


As-tu absolument besoin de ton père pour le faire ?


Oui vraiment ! C'est un très grand botaniste. Il y a des plantes très rares et c'est lui qui s'y connaît le mieux. Il est né dedans, avec tout ce jardin de simples au couvent.

Et puis, en tant que scorpion ascendant scorpion, rien ne pourra

l'arrêter. Son projet de vie, c'est ça et il va le réaliser !

Encore aujourd'hui, c'est le maître du jardin.

C'est lui qui s'en occupe. Moi, je suis simplement la gardienne des lieux !

Bien qu’il me transmette ses connaissances, cela ne s'apprend pas comme ça du jour au lendemain, car nous n'utilisons pas toutes les plantes qui poussent au jardin.

Par exemple, il y a des plantes ornementales, culinaires, aromatiques et médicinales. Dans ces dernières, nous en utilisons à peu près 80 pour les transformer soit en pommade, liqueurs, sirops, teintures mères. Cela s’appelle de la phytothérapie et c'est ce que nous vendons à La Chiquetterie.


Transformez-vous les plantes ici-même ?


Oui, nous avons notre « petit laboratoire » (rires), une salle de travail dans laquelle nous faisons nos transformations.

Puis, nous les vendons ici au comptoir tout en donnant des conseils. C'est très important !

Nous préférons fonctionner comme cela, car beaucoup de gens

pensent que les plantes sont inoffensives. Or ce n'est pas vrai !

Il faut respecter les dosages, être en équilibre avec la bonne plante, et surtout savoir quelle plante utiliser. Beaucoup de plantes peuvent se travailler mais pas toutes. Et tout le monde n'est pas capable

d'ingérer toutes les plantes. Tout dépend du tempérament de la

personne et c'est pour cela que nous prenons le temps de discuter avec les gens pour voir quelles plantes correspondent le mieux aux symptômes que la personne nous apporte.


Pour résumer, je vais le dire comme je le ressens, vous pratiquez une

médecine aux accents asiatiques ?!


Nous nous rapprochons de la médecine chinoise.

Nous regardons l'entièreté de la personne et pas seulement les symp-

tômes. D'ailleurs en herboristerie, c'est le premier truc que nous

apprenons : « Dis-moi ce que tu as, je te dirai qui tu es ». Et souvent les gens nous disent : « Comment pouvez-vous savoir que je suis com- me ça ? ». Parce que nous regardons les symptômes.

Bien souvent les maux du corps cherchent à exprimer une colère, un chagrin, une injustice...

Nous faisons le lien entre le corps, le mental et l’âme de la personne. C'est la trinité.

Nous avons tous un bagage au niveau de notre histoire.

Puis, il y a le bagage physique, parce qu'au niveau génétique nous en portons pas mal aussi.

Ensuite, tout ce qui est émotionnel, gestion de stress et autre, entre aussi en ligne de compte.

Tout ça fait un beau miche-mâche et la comédie humaine est magnifi- que dans ces cas-là.

En tant que naturopathe, je suis formée à la psychologie, ce qui me permet de donner des outils pour que les gens essayent de fonction-

ner autrement. Je transmets l’information et les gens font ce qu'ils veulent avec.

Cela devient la responsabilité de celles et ceux qui veulent se soigner.


Cette manière de soigner, d'aborder la « guérison » autrement, n'est pas fort répandue. On en entend peu parler. Pourtant, certains veulent faire passer des lois pour limiter, voire interdire, l’usage des plantes médicinales.


Oui, c'est formidable ! J'ai l'impression que nous allons vers une double société : ceux qui ne veulent rien remettre en question et qui sont très bien dans leur train-train quotidien et ceux qui veulent changer plein de choses, avec leurs convictions, créer autre chose, se détacher de la masse.

C'est ce que nous faisons, ici, depuis 40 ans.

Mon père a toujours été considéré comme un fou. Il y a 40 ans, c'était le charlatan. Aujourd'hui, les gens viennent et disent que c'est le médecin le charlatan, parce qu'il n'amène plus de réponses aux problèmes.

Il n'y a plus de guérison possible dans la médecine allopathique, parce qu'elle ne fait qu'entretenir la maladie.

Quand je travaille avec les plantes, je cherche à comprendre pourquoi le corps réagit comme ça. J’essaye de trouver des outils, de retrouver un équilibre certain entre les organes pour tenter de ramener la santé dans le corps. C'est ça mon véritable but.

Ici, ce que je fais, et ce que mon père fait depuis bien longtemps, c'est un échange. Nous posons des questions et nous écoutons les réponses.

Dites ce que vous avez, je vous dirai qui vous êtes et ce que vous avez be- soin d’exprimer.

Tu sais, il y a des gens qui, par exemple, n'ont jamais réussi à faire leur deuil. Une personne qu'ils aimaient ou quelque chose qu'ils ont perdu et ça leur pèse parfois pendant 30 ans. Ca arrive souvent.Nous ne communiquons plus et j'ai l'impression que nous faisons

semblant.

Tu sais, il faut peut-être arrêter d'obéir à des choses qui ne sont pas

justes. Je pense que nous sommes de plus en plus nombreux à vouloir faire les choses de manière sincère, consciente et respectueuse et il va falloir taper du poing pour dire : « Nous sommes là et nous existons ! ». Si une petite partie de la population résiste, nous existons. C'est à cela qu'il faut se raccrocher, sinon nous devenons des montruches.


Des « montruches » ?


Des moutons et des autruches. Pas mal, non ?!

Normalement, chacun est libre de ses responsabilités. Pourtant, nous

vivons dans une société européenne où nous sommes dépendants, extrê- mement dépendants. Dès lors, plus personne n'est responsable de rien. La preuve en est avec tout ce truc de vaccination. Personne n'est responsable de ce qui va se passer après. Tout le monde s'en décharge. En même temps, nous nous laissons baratiner et nous ne nous posons même plus la question du vrai du faux. Finalement, nous allons quand même faire le vaccin, parce que ça va nous permettre d'être libre !

Ce n'est pas cohérent. La liberté, ce n'est pas un vaccin.


Aujourd'hui, j'ai entendu un médecin à la radio et j'étais heureuse qu'il prononce ces mots : « Nous n'avons plus de déontologie. ». Faut arrêter ! Il y a tellement de gens qui oublient nos vraies valeurs comme la liberté de laisser à chacun le droit de choisir comment se soigner. C'est quelque chose de primordial et je ne lâcherai rien !


Cette semaine, un médecin, un très bon ami à nous, est venu nous voir.

Il était décomposé parce que le gouvernement veut obliger la vaccina- tion dans tout le secteur médical. Loin d’adhérer à cette obligation, il est en train de se dire qu'il va devoir arrêter sa pratique. Or cela fait 40 ans qu'il est médecin et qu’il travaille très bien.

Maintenant, ce qui me fait plaisir, c’est qu’il m’ait dit : « Je vais arrêter d'être médecin et devenir guérisseur, comme ça je pourrai enfin recom- mencer à guérir les gens ! ».

Il ne trouve plus son identité avec ce qui est en train de se passer.

Il n'est pas le seul, beaucoup de médecins pensent comme cela, sauf que personne ne les écoute.

Ils n'ont pas le droit de s'exprimer parce qu'ils risquent d'être rayés de l'ordre des médecins.

Nous nous retrouvons dans une dictature à la russe ! C'est chouette hein ?

Non mais c'est vrai, tu n'as même plus le droit de dire que tu n'es pas d'accord.

Et tous ceux qui remettent en question les décisions prises, qu’ils soient pour ou contre le vaccin, leur avis ne comptent pas. C'est quand même aberrant !

Il faut avoir un esprit critique. Pourtant, j’ai l’impression qu'une grande partie de la population en est dépourvu parce que même une simple remise en question est considérée comme complotiste. Ce n'est pas vers ça qu'il faut aller !


Quand je vois comment la pharmacopée a pris les rênes de la médeci- ne, je me dis qu'il y a un problème. Nous avons fini par créer des monstres. Et la pharmacopée a pris les rênes parce qu'elle a le fric, parce que ça brasse des milliards à la minute, pour l'instant en tout cas. Au final, c'est elle qui décide, et nous et la médecine, nous n'avons même plus le droit de dire que nous ne sommes pas d'accord.


Et les pharmaciens, ils ne réagissent pas ?


Qu'est ce que tu veux !

Les pharmaciens n'ont même plus le droit de composer eux-mêmes leurs médicaments. Ils sont obligés de vendre ce qu'on leur donne ou ce que le médecin prescrit. Or, seul le pharmacien devrait être en mesure d’évaluer le médicament le plus approprié à la personne, car il en connaît les composants chimiques et effets contradictoires que certains médicaments pourraient avoir entre eux.

Dès lors, le médecin serait là pour émettre un diagnostic sur base duquel le pharmacien pourrait alors doser un médicament qui soi- gnerait tous les symptômes, au lieu de donner trois, quatre voire cinq médicaments différents. Le pharmacien devrait être le seul et unique à connaître ton dossier et tes antécédents, afin de t’aider dans ta gué- rison.


chèvre


Sans transition, si nous parlions des chèvres, vos « gades » !


Ah oui, nos gades !

Nous sommes à Nafraiture, et les gens d'ici, on les appelle les « Magadés » venant de l’expression : « T'as pas vu ma gade, hé ?! ».

Ce que je trouve comique, c’est que nous sommes les seuls à avoir des chèvres dans le village alors que nos origines viennent d’ailleurs.


Au jour d'aujourd'hui, il y a 31 chèvres, 6 jeunes nés cette année et 2

boucs : Georges, le procréateur de l'année prochaine et Augustin,

celui de cette année.

Toutes les chèvres ont un prénom et elles ont toutes un caractère

bien à elles, comme dans une mini-société humaine. D’ailleurs si les humains pouvaient faire comme les biques, nous aurions vachement moins de problèmes.

Par exemple, lorsqu’il y'en a une qui déplaît à l'autre, PAF, un coup de cornes et c'est fini ! Elles se tapent dessus, parce qu'elles sont ré- gies par un code hiérarchique qui leur est propre.

Quand une chèvre intègre le troupeau, elle doit se battre avec toutes les autres pour savoir où est sa place dans la hiérarchie des chèvres. Si tu n'es pas au courant de ce rituel et que tu vois ça pour la premiè- re fois, tu as juste envie d'aller la sauver.

Par contre, si tu observes la scène, tu vois qu’au bout d'un moment, elle trouve sa place au sein du groupe.

Tout le monde pense que c'est Monsieur le bouc le chef et bien non ! Notre chef, c'est Majesté !

À ce propos, nous cherchons des familles d'accueil pour nos boucs et

nos chèvres de réforme pour éviter de les mettre à l'abattoir, si

jamais ça intéresse vos lecteurs !


J'aimerais te poser une question un peu plus ludique.

Pour toi aujourd'hui, qui est ton héros ?


C'est celui qui continue à croire à son rêve, même si tout le pousse à

penser autre chose.

Ce sont toutes ces personnes qui vont continuer à croire au but qu'elles ont dans le coeur, dans la tête. Celles qui continuent à y croi- re malgré tout ou qui ont le courage de continuer.

Et c'est ce que je vous souhaite !La Chiquetterie

Emily Van Wesemael

Continuez à faire réfléchir les gens, les amuser, parce que c'est main- tenant que nous en avons besoin.

Nous avons besoin, maintenant, de ces personnes un peu folles, qui font différemment et qui le font parce qu'elles y croient.




La Chiquetterie

Emily Van Wesemael

Naturopathe

Rue d’Houdremont, 38

5550 Nafraiture

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